Le sexe des anges ! Sur quels temps danser la salsa ?
Beaucoup de discussions traînent sur Internet en ce qui concerne danser sur le 2 ou sur le 1 voire même sur le 3 ou le 4. Cela me semble au point de vue de la danse une discussion interminable sur le sexe des anges. Danser sur le 2 découle immédiatement de la danse sportive qui veut que l’on danse sur un tempo précis comme c’est le cas pour la Valse / le Tango / le Jive … Ainsi, la Salsa New Yorkaise qui découle du Mambo est dansée sur le deux. Les temps 2 et 6 sont alors les temps forts, que l’on distingue souvent bien dans les salsas romantiques.
Actuellement les polémiques tendent à diviser le rythme de la Salsa en:
– on1 (stepping on 1,2,3 5,6,7)
– on2 (stepping on 2,3,4 6,7,8)
– on2 (stepping on 1,2,3 5,6,7)
– on3 (stepping on 3,4,5 7,8,1)
– on4 (stepping on 4,5,6 8,1,2)
L’article qui suit est le plus synthétique que j’ai trouvé sur le réseau Internet pour mettre les choses au clair. C’est une interview de Paul Pellicoro, le directeur du plus grand studio de danses latines de New-York…..
Note concernant la traduction: Dans cette interview, le style que l’on nomme salsa « portoricaine » à Paris est nommé « Mambo ». Et le mot « salsa » englobe l’ensemble des trois styles principaux dansés à Paris: salsa cubaine, portoricaine et colombienne.
1. Quelle est la controverse entre les temps sur lesquels se dansent la salsa et le mambo ?
Le rythme de la musique est toujours le même, il est constant. La controverse est de déterminer au niveau de quels temps musicaux se font les 6 changements de poids du corps (c.à.d. les 6 pas). Pour parler simplement, la musique est écrite en mesures comprenant 4 temps. Un pas de base complet de mambo est réalisé en deux mesures : 1-2-3-4/1-2-3-4 (deux mesures = 8 temps). Le pas de base peut être décomposé en deux moitiés : le « break arrière » et le « break avant ». Chaque moitié est constituée de 3 changements de poids du corps (ou pas, comme je vais les appeler dorénavant). Ainsi, le pas de base complet comporte 6 pas réalisés sur 8 temps (2 mesures). Et c’est là qu’apparaît la controverse.
2. Quelle est la bonne manière de danser le pas de base sur ces deux mesures de la musique?
Détaillons d’abord ce que je veux dire par « pas de base ». Comme je l’ai dit, le pas de base est composé de deux « breaks », le « break arrière » et le « break avant ». Les « breaks » sont utilisés en mambo pour changer la direction du corps de l’avant vers l’arrière ou inversement. Ces breaks ont été développés à partir de la danse précédant le mambo, le « danzon » (qui est aussi appelé rumba par les Américains).
Un break arrière est accompagné de deux changements de poids du corps, d’abord en mettant le poids du corps sur le pied arrière droit, puis en le mettant sur le pied avant gauche. Le break arrière est symétrique: d’abord en mettant le poids du corps sur le pied avant gauche, puis en le mettant sur le pied arrière droit. Ce qui suit ou précède un break est appelé un pas de lien (« link step »). Dans le pas de base, le lien est un petit pas côté entre les breaks. Ainsi, le pas de base est composé comme suit:
côté + arrière + poids du corps à l’avant (Gauche – Droite – Gauche)
côté + devant + poids du corps à l’arrière (D – G – D)
En fait, il y a de très nombreuses manières de faire ces 6 pas sur deux mesures, qui sont toutes bonnes.
3. Que veut dire danser sur le 1?
Généralement, quand vous scander la musique en tapant des pieds ou des mains, vous tapez sur les temps 1 et 3. C’est pourquoi les gens ont naturellement tendance à faire leurs breaks sur ces temps 1 ou 3. Mais si vous travaillez votre oreille, vous pourrez aussi percevoir les congas et les claves, qui marquent les temps 2 et 4. En fait, en salsa, tous les temps sont marqués, et c’est ce qui fait que cette musique est spéciale.
Pour faire un break sur le 1, vous faites le changement du poids du corps sur les temps 1 et 2, votre pas côté sur le 3, et rien sur le temps 4.
Dans le mambo, le pas appelé « rumba break » est un break sur le 1. Ce pas est relié aux danses folkloriques cubaines, qui font leurs breaks sur le 1.
(NB: Ce style de mambo correspond à la salsa portoricaine « Los Angeles style »)
4. La salsa a t-elle un rythme vite-vite-lent?
Oui, et c’est ce qui rend tout ceci un peu plus simple. Ce comptage permet aux gens de danser même s’ils ne repèrent pas les différents temps de la musique. « Vite-vite-lent », c’est la même chose que un pas pour chaque vite et 2 temps pour le lent, qui correspond au pas de lien.
5. Que veut dire danser sur le 2?
Cela veut dire que le break commence sur le temps 2, et que l’on change le poids du corps sur le temps 3.
(NB: Ce style de mambo correspond à la salsa portoricaine « New-York style »)
6. A à propos du pas de lien? Sur quel temps se danse t-il quand on danse sur le 2?
Il y a beaucoup de confusions et de désaccord sur quel temps il se danse. Il peut se faire sur les temps 1 ou 4. En fonction du temps sur lequel sera fait le pas de lien, on parlera de style « tipico » ou de style « son montuno ».
7. Qu’est ce que le style « tipico »?
Quand le pas de lien se fait sur le 1, le style est appelé « tipico », faisant référence au fait que les danseurs dansaient avec ce pas au début du mambo. Le style « tipico » est en fait hérité du danzon. Je rappelle que le danzon se fait avec des pas 1-2-3-(rien sur le 4)-1-2-3- (rien sur le 4), c’est à dire vite-vite-lent du point de vue rythmique. Le mambo dérive donc directement du danzon.
8. Qu’est ce que le « son montuno style »?
Cette question rejoint la précédente… La musique du montuno dérive de celle du danzon, en introduisant des congas (un instrument qui est une sorte de tambour). Les congas marquent le temps 4 et 1, en créant un lien entre les deux mesures. Les danseurs se sont alors mis à faire le pas de lien sur le temps 4, puisque les congas accentuent le temps 4. Le break se réalise sur les temps 2-3 (vite-vite), mais le pas de lien se fait sur le 4, et les danseurs ne font rien sur le temps 1 (lent).
9. Pourquoi de nombreux danseurs trouvent-ils que le style « on 2, mambo tipico » est si difficile?
Ce n’est difficile que pour les élèves qui ne comprennent pas d’où vient le mambo. Malheureusement, peu d’élèves apprennent le danzon, puisque c’est une danse très peu pratiquée de nos jours. C’est plus facile de danser le « tipico » si l’on connaît l’histoire du mambo, et que l’on comprend comment il a été chorégraphié
10. Quel est le problème posé par l’existence de tous ces types de mambo?
Il n’y a aucun problème pour des danseurs expérimentés. Je pratique les différents styles, en fonction de mon partenaire et de ce que la musique m’inspire. Le problème se pose pour les débutants: ils ont besoin de bons professeurs qui puissent les éclairer sur le monde des danses latines qu’ils commencent à explorer. J’espère que cette interview les aidera à être éclairés à ce sujet.
11. Que peut-on faire pour améliorer l’éducation des élèves?
Les professeurs ont la responsabilité d’expliquer qu’il existe plusieurs types de mambos. Il n’y a pas qu’un seul type de danse mambo qui est LE bon. Les guerres de religion ont causé la mort de millions de personnes sous le même prétexte!! Malheureusement, la plupart des professeurs enseignent exactement comme eux ont appris, que ce soit la meilleure méthode ou non. Une autre erreur est de croire que les meilleurs danseurs sont les meilleurs profs… Ce ne sont pas toujours les meilleurs danseurs qui sont les meilleurs pédagogues!
12. Pourquoi est-ce ainsi? Peut-on réellement dire « Il y a ceux qui savent danser et ceux qui savent enseigner? »
Non, pas vraiment. Un bon prof a le talent de savoir transmettre « ce qu’il sait faire » ou « ce qu’il sait » à ses élèves. Si ses capacités de danseur sont limitées, il restera tout de même un bon prof s’il peut l’enseigner efficacement à ses élèves, mais ce qu’il enseignera sera limité.
Un très bon prof doit donc allier les aptitudes à l’enseignement à celles de la danse.
Il arrive assez souvent que des danseurs de spectacle soient imbus d’eux même. Mais attention, d’une part ceci est une généralisation et n’est pas toujours vrai bien évidemment. D’autre part, ce fait n’a pas forcément une connotation négative! Devenir de très bons danseurs est leur motivation principale, et c’est ce qui fait qu’ils sont si bons! Disons que leur « ego » est le carburant pour arriver au top-niveau. Souvent, l’enseignement n’est pour eux qu’un moyen de payer les frais de leurs spectacles. Et ils se comportent parfois en cours comme s’ils faisaient une démonstration. Je parie que s’ils gagnaient assez d’argent en ne faisant que des spectacles, ils arrêteraient d’enseigner… Il est courant qu’en vieillissant et qu’en se retirant de la compétition, ces compétiteurs se consacrent entièrement à l’enseignement et s’y intéressent alors beaucoup plus; ils deviennent alors de très bons profs.
Un autre problème est que bons nombres de danseurs, en se mettant à analyser les pas et la danse perdent leur « feeling ». Il est très dur d’analyser les pas tout en gardant une approche naturelle de la danse. Tout bon prof enseigne en deux étapes: d’abord montrer la passe pour que l’élève comprenne ce qu’elle donne visuellement. Et c’est dans un second temps qu’il la décortique. Pouvoir percevoir la passe autant dans son ensemble que en détail demande du travail, et c’est au prof d’éduquer les élèves dans ce sens.
13. Qu’est ce qui fait donc qu’un danseur est un très bon prof?
C’est quelqu’un qui est un pédagogue inné et qui de plus danse extrêmement bien. Bien connaître la musique et l’histoire de la danse est un plus. Etre un bon psychologue et deviner le contexte social des élèves aide aussi à être un bon prof. Les profs qui sont de grands analystes de la danse perdent souvent leur spontanéité. Etre « analytique sans perdre son feeling » est le but ultime de quiconque souhaite concilier les qualités de grand danseur et de grand prof.
Un bon danseur doit avoir beaucoup de feeling et d’intuition pour répondre aux exigences de la musique et de la danseuse. Un bon prof doit être analytique et systématique. Comme ce sont des qualités apparemment contradictoires, il faut trouver un compromis entre les deux… le secret du « yin » et du « yang » en quelque sorte…
Je pense que le meilleur exemple de danseurs alliant ces deux types qualités sont les champions de danses latines Donnie Burns et Gaynor Fairweather.(…)
14. A votre avis, quel est le meilleur moyen d’enseigner à un débutant comment danser le mambo?
On peut commencer à enseigner sur n’importe lesquels des styles de mambo décrits ci-dessus: c’est un point de départ. Il faut néanmoins mentionner les autres styles, auquel l’élève pourra être confronté en sortant en boite. Ainsi, il ne sera pas déboussolé dans ce genre de situation. Mais en cours, il faut essayer de n’enseigner qu’un seul style afin de rester constant, et apprendre à l’élève de reconnaître les différents temps. Une fois que l’on a repéré les différents temps, la moitié de la bataille est gagnée.
15. Que veut dire « dancing on clave »?
La clave, c’est le battement de coeur du mambo. Dans toutes les musiques traditionnelles afro-cubaines, elle est marquée par un instrument constitué de deux bâtons entrechoqués entre eux (les claves). Tous les musiciens, quelque soit l’instrument joué, restent à son écoute en permanence.
La clave 3/2 réalise 5 battements sur deux mesures. Voici un moyen mnémotechnique anglo-saxon permet de la repérer: il faut réciter la phrase « Shave and a hair cut, (pause), ten cents », en tapant des mains sur shave – hair – cut – ten – cents. Les battements de main sont le rythme de la clave.
Donc, « danser sur la clave » peut prêter à de nombreuses confusions, puisque vous n’allez jamais danser sur les 5 battements de la clave.
16. Donc, comment faites vous pour placer les 6 pas du mambo par rapport aux 5 battements de la clave?
En général, un danseur qui dit qu’il danse « on clave » veut simplement dire qu’il danse « sur le 2 ». En effet, les temps 2 et 3 de la seconde mesure sont marqués par la clave, et c’est sur ces temps là que le danseur fait justement un break en dansant sur le 2.
17. Quel est le style le mieux adapté à la clave? Le style « tipico » ou le style « son montuno »?
Dans le cas des deux styles, on ne fait ses pas que sur 3 des 5 battements de la clave. Il n’y en a en conséquence aucun qui est préférable à l’autre pour danser sur la clave.
18. Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi on parle tant de « danser sur la clave », puisque aucun des styles ne permet de faire tous ses temps sur la clave…
En fait, la clave est très importante car le fait de la percevoir montre que l’on ressent bien la musique, et que l’on est en harmonie avec elle. Par la suite, on peut utiliser son rythme pour improviser, puisque dans ce cas l’on improvise sur la même base que celle que les musiciens utilisent pour jouer. On devient alors comme une extension visuelle du groupe de musiciens, parfaitement en harmonie avec lui. La clave est la base pour qu’il y ait une harmonie entre la musique, le danseur, et son partenaire. Mais c’est vrai que tous ces discours un peu ardus autour de la clave ont de quoi effrayer le débutant…
19. Comment la plupart des latinos des US apprennent-ils la salsa?
Ils apprennent spontanément à danser, par leurs amis et par leurs familles, par leur voisinage (les barrios). Mais maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à venir prendre des cours chez des profs comme moi.
20. Comment comptent-ils la musique?
En fait, ils ne la comptent pas, ils la sentent. La plupart de ces danseurs « naturels » qui n’ont pas pris de cours dansent sur le 1 ou sur le 3. Ce que j’avais auparavant nommé « rumba break ».
21. Donc le danseur latinos « naturel » ne danse pas sur le 2?
Non. Certains le font, mais ce sont des exceptions. Souvent, ce sont qui ont pris des cours qui prennent l’habitude de danser sur le 2.
22. Par conséquent la plupart des danseurs de salsa dansent sur le 1 ou le 3?
Oui, c’est ce qui est le plus courant. A ma connaissance, seuls les danseurs ayant suivi des cours spécifiques dansent sur le 2. La plupart des danseurs latinos dansent de la manière la plus évidente, en se fiant à leur feeling pour danser et en improvisant quand ils se sentent inspirés. Ils ne se compliquent pas les choses outre mesure, et « ressentent » la musique. Mais pour eux c’est naturel, car la musique salsa fait partie de leur culture. Cela ne veut pas dire qu’ils sont au courant de toutes les théories sur les temps de la salsa. C’est la même chose pour les musiciens jouant « à l’oreille » sans avoir fait de solfège. On peut apprendre une langue sans pour autant savoir la lire ou l’écrire. La danse est un langage que l’on peut apprendre par intuition.
23. Sur quels temps les débutants font-ils leurs breaks dans votre école?
Dans mon école, je les encourage à faire les breaks sur tous les temps. S’ils veulent pratiquer immédiatement, le plus simple est de faire les breaks sur les temps 1 et 3. C’est ce j’appelle salsa-mambo. Quand on danse sur le 2, je l’appelle mambo-salsa.
C’est mon école qui a utilisé cette terminologie en premier, mais elle se répand peu à peu à travers le pays. En fait, pour moi tout cela reste du « Mambo ». Mais le mot de « Salsa » est si répandu que l’on ne peut aller à l’encontre de ce phénomène: je fais avec.(…)
(NB: A Paris, cette terminologie est peu utilisée. On parle de salsa portoricaine dansée sur le 1 ou sur le 2, ou de salsa « Los Angeles style » ou « New-York style »).
26. Et maintenant, vous, vous dansez seulement sur le 2 ou vous continuez à danser sur le un?
Je danse le plus souvent sur le 2, mais j’essaye avant tout de varier les différents pas et sensations au sein de la danse. Je sais toujours exactement sur quel temps je suis, mais j’essaye en permanence de trouver de nouvelles variations sans introduire de confusion dans le guidage de ma partenaire, en restant en accord avec la musique. Je suis toujours conscient des battements de la clave, et pourtant je peux danser sur n’importe quel temps et anticiper la musique.
27. Cela a l’air de prendre un sacré temps avant d’apprendre tout ceci… Combien de temps selon vous?
L’apprentissage ne s’arrête jamais, mais on peut se faire plaisir dès le début. Le plus important est d’essayer de se laisser entraîner par la musique; c’est probablement pour cela que l’on veut apprendre à danser au début. Il ne faut pas céder à « l’analyse qui paralyse » – il faut être certain d’être en permanence à l’écoute de la musique et du danseur. Danser doit être amusant dès le premier jour. Si ce n’est pas le cas, c’est probablement que vous n’avez pas choisi l’école ou le professeur qui vous convient. La devise du mambo n’est sûrement pas « Il faut souffrir pour être belle »!
29. Est-il facile de changer l’impulsion naturelle du « break on 1 » en l’impulsion « break on 2 »?
Non, cela demande du travail. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi les professeurs ne laissent pas les élèves danser le mambo sur le 1 au départ. C’est le « rumba break », directement issu des danses traditionnelles cubaines. Le danseur de mambo légendaire « Killer Joe » dansait sur le 1 dès 1947. Ce n’est pas nouveau de danser le mambo sur le 1 aulieu du 2.
A l’époque, ils ont continué à appeler cela le mambo.(…)
Quand le danseur progresse, il va commencer à discuter avec des danseurs plus avancés, et va mieux connaître la musique. Il va mieux percevoir la clave, et il pourra naturellement se mettre à danser sur le 2.(…)
33. Est-ce possible qu’un danseur perdre son « feeling » quand il se met à danser sur le 2?
Cela peut arriver, mais c’est une étape transitoire, juste le temps d’assimiler le nouveau break. Ensuite, cela devient naturel. En fait, une fois que l’on a assimilé le break sur le 2, c’est très difficile de se remettre à faire le break sur le 1.
34. Vous avez parlé du break sur le 1, sur le 2 et sur le 3. Est-il possible de faire un break sur le 4?
C’est rare, mais tout à fait possible. Augie, qui appartenait à la fameuse troupe « Augie and Margo » avait l’habitude de faire le break sur le 4. Dans ce cas, on suit les congas et non la clave.
35. Donc en fait, tout marche?
Vous pouvez faire votre break sur n’importe quel temps, du moment que vous sentez le break à cet endroit là. Dans les clubs, on voit de tout. La seule contrainte, c’est de danser toute la danse sur le temps que vous avez choisi au départ, quel qu’il soit. Des changements de temps sur lequel on fait le break au cours de la même danse entraînent beaucoup de confusions, à moins que la danseuse soit très expérimentée et le danseur un très bon guideur. Mais dans ce dernier cas, c’est possible de changer de temps…
36. Comment dansez-vous si vous vous apercevez que votre partenaire ne sait pas danser sur le 2?
Dans ce cas, je suis son rythme à elle. Je ne passe pas ma danse à lutter contre ma partenaire, pour lui imposer mon rythme. Si elle parvient assez aisément à me suivre sur le 2, c’est bien, mais sinon je la suis. Je suis là pour danser, pas pour me battre. Je me suis fais beaucoup d’amies de cette manière! Je ne veux pas les intimider par mon expérience, je veux les séduire par ma flexibilité. Je veux être le partenaire parfait, qui ressent la musique comme elles. N’est ce pas romantique?! J’ai évidemment mes préférences, mais comme dit une chanson « Quand vous ne pouvez être avec celle que vous aimez, aimez celle avec qui vous êtes! »
37. Que pensez-vous de l’attitude « Si vous ne pouvez pas danser sur le 2, alors vous ne savez pas réellement danser ».
C’est de la pure ignorance venant d’individus bornés qui méprisent les danseurs « naturels ». Si tous ces gens ne dansent pas réellement, alors ils font quoi? C’est de telles attitudes qui découragent les danseurs « naturels » à venir prendre des cours pour apprendre d’autres choses. Ce qui est grand dans le mambo, c’est qu’il possède des rythmes très variés et qu’il y a de multiples interprétations possibles pour chaque individu. Jamais deux danseurs ne danseront exactement pareil: il ne faut pas encourager le « clonage » de danseurs, mais au contraire encourager l’expression individuelle. La diversité enrichit!
38. Vous semblez très romantique dans votre vision de la danse…
Peut-être… Mais mon expérience dans la musique, la danse et l’enseignement reflète beaucoup d’aspects de la vie. La relation établie avec les partenaires de danse – comme avec la famille ou les amis – est une partie importante de la vie. Et être en accord avec un partenaire, cela apprend autant à répondre aux attentes de quelqu’un que de pouvoir prendre et faire comprendre des décisions. Mais surtout, rester spontané est un élément essentiel de la danse. La vie moderne décourage la spontanéité, et le résultat peut être le stress et le mal dans sa peau. Les disciplines nécessitant un parfait contrôle de soi ont évidemment des qualités, mais il faut savoir maintenir un équilibre entre les deux dans sa vie. Une expression spontanée et la créativité sont utiles pour enrichir l’esprit. (…)
Michel Haddad dit « El Maestro »