FIESTA HAVANA : idée de cadeau pour danseur salsa
FIESTA HAVANA livre de Leonardo Acosta
Olivier Cossard – René Espí – Helio Orovio
(Editions Vade Retro ; 1999)
La Havane, années 40 et 50 : la ville est en fête jour et nuit, brûle comme un feu follet et les riches touristes s’y étourdissent de plaisirs. A ce jeu, la musique est une reine.
Curieusement, il manquait un livre qui s’y attache. C’est chose faite avec Fiesta Havana, qui en 120 pages bien remplies raconte cet âge d’or musical avec brio.
Un coup d’ œil sur la couverture suffit à repérer qu’ Helio Orovio, le musicologue cubain bien connu, est un des artisans de l’ affaire. C’ est dire la richesse des informations et la précision du propos. Relooké par la plume alerte d’ Olivier Cossard, le texte évite la sécheresse habituelle à ce genre de livre, et le style proche du journalisme rend la lecture facile.
Mais ce qui rend la chose indispensable, c’ est le formidable travail d’ illustration qui s’ affiche ici. Il faut entendre Olivier Cossard, maître d’ œuvre du projet, raconter son travail de collectage qui dura des semaines, et comment des tas de photos furent sauvées de l’ oubli dans des conditions hasardeuses souvent très folkloriques. Pour la plupart, avant d’ avoir les honneurs du livre, ces photos délicieusement désuètes d’ une époque faste – pour certains – et révolue – pour tous – achevaient de moisir dans des boîtes à chaussures, poussées sous le lit des meilleurs musiciens de La Havane.
Travail de fourmi, travail de détective aussi. La plupart sont inédites : pour le lecteur, les découvrir est un plaisir étrange et un peu irréel, qui évoque ces années folles avec une puissance peu commune et presque vénéneuse : voici Josephine Baker posant avec l’ orquestre Hermanos Rigual ; ici, le Prado des années 50 et ses terrasses de café, qui semblent surgies d’ un autre monde pour ceux qui connaissent l’ endroit aujourd’ hui ; voilà Beni Moré, qui promène son élégance et sa grâce un peu triste ; et où sont aujourd’ hui les fantômes de la rue Virtudés, dans laquelle s’ alignent les cabarets de luxe dont il ne reste aujourd’ hui que quelques enseignes, grinçant sur leur axe rouillé quand le vent venu de la mer rafraîchit la nuit tropicale ?
Cerise sur le gâteau, un CD de 16 titres bien choisis assure la bande-son de l’ ensemble. Dans les librairies, le livre est protégé par un film de plastique, et le CD, bien caché à l’ intérieur, est difficile à découvrir. Pourquoi l’ éditeur n’ a-t-il pas jugé bon de signaler sa présence par un sticker sur la couverture ?
Ce livre n’ est pas paru en fin d’ année 1998, et c’ est un regret. Dommage, car il est un cadeau idéal : à la fois beau et intelligent… ce que chacun attend, en matière de rencontres, non ?
Il vous reste une solution : achetez-en deux. Gardez-en un pour vous, et cachez l’ autre pour l’ offrir à la fin du millénaire : les photos que le livre protège ont dormi depuis si longtemps qu’ elles ne sont pas à un an près, et peuvent attendre encore quelques mois qu’ un Prince ou une Princesse les réveille à nouveau en s’ attardant sur elles. Et qu’ il fasse, comme par un pouvoir magique, à nouveau sonner les cuivres des grands orchestres et tinter les verres à cocktails des cabarets de luxe, du temps où La Havane se vautrait chaque nuit dans la musique, le luxe, le plaisir et la décadence, juste avant la fin d’ un monde.