La clave

Mais qu’est-ce donc que la clave ?

Pour toute personne s’exprimant « au feeling » (musical ou danse) ou aussi certains de mauvais feeling mais réfractaires à toute forme de « prise de tête », je pourrais arrêter le texte ici et faire jouer la tradition orale et visuelle… « écoute, regarde … vie le et imprègne toi puis reproduit ». Mais non, j’assume ma culture « extérieure » et vais tenter d’en écrire un peu plus.

La clave ….. c’est …….le cœur de la musique afro-latine, le cœur.
On ne l’entend pas toujours distinctement, parfois même très discret, mais….. ce cœur est toujours là, il bat.

Afro – latine …., oui, car d’origine africain, ce cœur rythmique bat aux caraïbes bien sur, sous son nom de clave lié à l’outil utilisé (clave = clés de navires, attaches des marchandises) mais il bat aussi au Brésil, Colombie … sous d’autres outils.

Sa caractéristique, un battement sorti tout droit de la culture africaine, non cartésien, quelque chose de vivant, intuitif, un mélange de battement ternaire et binaire, un rond collé à un carré, difficile à modéliser avec nos découpages temporels cartésiens occidentaux.

Je pourrais encore arrêter là, sur cette approche générale… mais non j’irai un peu plus loin, n’en déplaise à certains qui pensent sentir sans besoin de comprendre.
Pour parler technique (cartésien en fait) simplifiée et vulgarisée, la pulsation afro ne « tomberait » pas systématiquement sur les temps ( de la découpe cartésienne temporelle), ce qu’on appelle plus ou moins en modèle d’écriture occidentale du ternaire et/ou les syncopes (que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans le jazz afro-américain). C’est à dire …. 3 pulsations sur un espace temps de 4 portions.
Le monde cartésien, lui, à pratiqué une découpe de l’espace temps en portions régulières et en ratios divisibles (4 temps pour 4,8,12.. notes) avec quand même un accès tardif au ternaire (valse) de 3 notes mais sur un espace 3 portions (on reste divisible et cartésien).

Plusieurs type de pulsations afro-latines se côtoient mais toutes voisines et sur le même schéma. Bien que tous ces types ne soient pas cartésiens et fidèlement modélisables avec nos moyens occidentaux, on peut toutefois rapprocher un modèle à certains types connus.

Au fait, le jazz, j’y ai fait allusion dans le paragraphe technique, mais il n’a pas de clave. Non, c’est vrai mais la culture rythmique afro s’y retrouve malgré cela. En jazz on s’exprime ternaire par défaut. Pas de modèle cartésien exact non plus.
La composante ternaire afro est bien là mais a pris un chemin différent, le swing est au jazz ce que la clave est à l’afro-latin.

Par Jean Yves Ménard. (02/2002)

Remarques
Je n’avais effectivement pas voulu être trop « technique » sur le sujet puisque d’autres articles s’y interessaient très bien….je voulais surtout prendre le problème par le coté plus « culturel » et général ….. pensant à ces autres articles dont celui que tu as mis en référence et que j’aurais dû citer puisqu’il apporte le coté plus technique que je ne voulais pas redévelopper… et je ne voulais pas « effrayer » les danseurs (car j’en ai souvent entendu dire… »la clave je m’en fous, je danse c’est tout » …… et même si je ne suis pas comme ça… je ne leur donne pas vraiment tort, chacun est libre de voir les choses selon ses intérêts)…. en tout cas les deux articles sont complémentaires et ton article « clave pour les danseurs » est bien titré.

Pour cela, j’ adjoins quelques remarques techniques dans le supplément ci dessous. Ainsi, j’apporterai juste quelques précisions (qu’il n’est peut-être pas nécessaire de trop développer dans notre contexte de danseurs).

Quelques commentaires en supplément :

En règle générale, le style de musique où l’on rencontre le plus fréquemment la clave réellement jouée (avec ce petit son sec, aigü ou grave, c’est selon, de morceaux de bois qu’on entrechoque), c’est le vieux son cubain. on distingue :
Son = Clave 2:3
Rumba = Clave 3:2

En principe, le son est en 2-3, la rumba en 3-2. Ce n’est pas absolument systématique, mais à une écrasante majorité, c’est vrai. Par contre, en dehors du sens, la clave de rumba possède une syncope supplémentaire par rapport à la clave de son (le dernier coup de la première mesure est alors syncopé).

La tension rythmique est due à l’alternance d’une mesure syncopée avec une mesure « normale ». Sachant que la plupart des instruments de la salsa jouent presque toujours en contretemps (pour simplifier), ils collent à la syncope sur le tresillo, et s’opposent au rythme de la mesure faible qui, elle, n’est pas syncopée. C’est cet effet que l’ on appelle « tension rythmique ».

Sur le résumé de ton article (La clave pour les danseurs) je pourrais rajouter que « clé pour un code » est intéressant, c’est une image qui peut se justifier à posteriori mais je ne crois franchement pas qu’il y ait là une origine …Non, il faut rechercher l’origine du mot dans les attaches de marchandises des navires …mais j’aime bien cette notion de code qu’on pourrait y voir par extension mais c’est une image.

Ce qu’on appelle danser « on 2 » voudrait dire danser sur le rythme (donc là de marque bongo) et comme la clave est « indissociable » de la notion rythmique au sens culturel, danser sur le rythme devient « danser avec la clave » ( mais c’est un peu un abus par abus de langage car ce n’est pas franchement un « avec » absolu)…du moins c’est mon avis et je l’ai confirmé sur un site américain (sur ce site il est aussi dit que danser sur 1 est donc plutôt « danser sur la mélodie »)….. Mais bon, ceci étant …il semble donc maintenant d’usage terminologique chez les danseurs d’associer « con clave » avec « (break) on 2″…… alors faisons avec …. mais essayons de ne garder là qu’une association terminologique et évitons de laisser croire que la clave soit réellement le « calage » auditif de break du danseur, il est inutile de « chasser » l’écoute de la clave pour danser (d’ailleurs elle n’est pas toujours très perceptible à l’oreille du danseur). Bien qu’il ne soit pas dit que « coup de clave » = « break on 2 », un lecteur pourrait le penser (« j’entends » parfois cette erreur dans les propos de danseurs … et même de profs)… Je crois que ce supplément technique est très important car certains profs n’ ont rien compris à la musique Salsa encore.

Ce Supplément est une synthèse de Salsalovers Paris (02/2002)

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